Pratiques d’élevage Eduquer les jeunes vaches au pâturage en montagne
« Dans les alpages, certaines vaches sont capables de grimper de très fortes pentes : talent inné ou acquis ? Si la race des animaux explique une partie de ces habiletés, l’éducation donnée par l’éleveur semble également déterminante », explique l’Inra qui s’est penché sur le sujet.
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Ainsi, les méthodes utilisées par des éleveurs du massif des Bauges, dans les Alpes ont-elles été étudiées par des chercheurs de l’Inra, spécialisés en pratiques de pâturage. Dans le massif des Bauges, les futures vaches laitières sont éduquées aux pentes raides des alpages. « Ces savoir-faire pourraient aider à promouvoir le pâturage en montagne, très utile pour valoriser les ressources fourragères naturelles et préserver la biodiversité », souligne l’Inra. « Les terrains pentus et accidentés des alpages nécessitent des habiletés particulières des animaux, issues non seulement des spécificités raciales (races de montagne plus appropriées à ces milieux) mais aussi de pratiques d'élevage appropriées ». L’éducation des animaux donnée par les éleveurs serait donc déterminante, comme le montrent ces études.
Une génisse de race Montbéliarde peut devenir "grimpeuse" à force d'éducation (© INRA / M. Meuret) |
Utiliser les ressources fourragères locales
Dans les Hautes Bauges, les flancs de montagne sont également utilisés comme pâturage pour les génisses et les vaches laitières. Principale justification à cette pratique : la priorité donnée à la production de foin sur terrains peu pentus, pour les 6 mois d'hiver passés à l'étable, oblige à faire pâturer les surfaces d’accès plus difficile. Par ailleurs, sur un plan qualitatif, le cahier des charges du fromage AOC Tome des Bauges limite l’usage des aliments concentrés, ce qui devrait inciter les éleveurs à utiliser les ressources fourragères locales et notamment à étendre les aires de pâturage aux terrains d’altitude. Enfin, les politiques publiques agri-environnementales encouragent financièrement le pâturage afin de mieux contrôler les excès d'embroussaillement et donc préserver la biodiversité des milieux.
Aptitude innée ou acquise
La race des vaches détermine en théorie l’aptitude à pâturer en montagne. Dans les Hautes Bauges, trois races laitières sont élevées, plus ou moins productives en lait et plus ou moins réputées pour leurs capacités d’adaptation à la vie en alpage : la Montbéliarde, l’Abondance et la Tarine. Si la capacité à circuler et brouter dans les pentes dépend en partie de la race des animaux, des éleveurs estiment que l’apprentissage aux pentes est primordial, et ce, dès le jeune âge de l’animal. Par observations répétées, les éleveurs ont pu constater que des animaux de même race que les leurs, mais achetés en plaine et déjà adultes, parvenaient difficilement à pâturer dans les pentes. Pour certains, la démarche passe par une éducation précoce, à organiser soigneusement. Pour d’autres, l’apprentissage se fait spontanément, du fait de l’obligation de conduire les génisses sur les terrains les plus pentus afin de garder les parcelles moins pentues pour la production de foin ou la traite des vaches laitières.
Apprendre à grimper dans les pentes
En montagne, l’aptitude à la marche conditionne la performance laitière des vaches. L’apprentissage vis-à-vis des conditions d’élevage est donc favorisé, à la fois pour la docilité à la traite et aux soins, mais aussi pour l’autonomie de l’animal à circuler et s’alimenter en alpage, où les conditions parfois rigoureuses mobilisent des compétences spécifiques. En pratique, des éleveurs habituent leurs petits veaux dès l’âge de 6 à 8 mois à des terrains pentus. Ils les conduisent dès leur première sortie dans des parcs d’apprentissage qui incluent selon les méthodes soit un terrain varié formé de plat, de côtes, de pré et de bosquets, pour habituer le veau à un terrain irrégulier, soit un talus raide où les veaux, entrés le matin par le bas du pré, doivent rejoindre l’abreuvoir placé sur une partie plate en haut du terrain. Plus tard, les génisses de 2 ans sont menées au printemps et à l’automne sur des coteaux pentus (30% en moyenne), embroussaillés voire boisés. Durant l’été, il s’agit d’un alpage à génisses, où les fortes pentes (45% en moyenne) ne permettent pas l'accès du tracteur pour la traite des vaches laitières mais où le mélange des jeunes génisses avec celles de 3 ans, déjà plus expérimentées, favorise un échange et un apprentissage social au sein du troupeau.
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